jeudi 16 août 2012


Parce que j’ai fait une dépression. Désolée, mais le ton du billet est donné. C’était il y a bientôt trois ans maintenant. Après avoir supporté pendant plusieurs mois des cauchemars plus glauques les uns que les autres, des insomnies, des crises d’angoisse à répétition, une sensibilité à fleur de peau déclenchant à coup sûr des larmes et une perte d’appétit, seul point positif qui m’a permis de faire descendre l’aiguille de la balance, je me suis résignée, ou plutôt été contrainte par mes parents, à aller voir mon médecin généraliste pour lui parler de mon état. Le verdict est tombé sans appel au bout d’un quart d’heure de consultation : Raphaëlle, tu fais une dépression. Super. J’avais dix-neuf ans à l’époque. 

Lorsque le docteur m’a conseillé d’aller voir « quelqu’un d’autre, plus compétent pour ces cas-là », le coup de grâce m’a été porté. Moi qui était débordante d’énergie et pleine de joie de vivre, je devais voir les choses en face, c’est vrai que ça faisait plusieurs mois que je n’allais pas bien, mais en parler à « quelqu’un », un psy, c’était réaliser qu’il y avait un vrai problème. J’y suis allée. Mais ça ne m’a pas aidé. Je crois, je suis même sûre, qu’à ce moment-là je cherchais encore la raison de mon mal-être. Alors si déjà moi je ne sais pas pourquoi je ne vais pas bien, qu’est-ce qu’il pourrait en savoir lui ? Je n’ai donc, logiquement, pas donné suite à ce début de thérapie. 

D’un autre côté, il y a eu la prescription des médicaments. Parce que ton docteur, qui te connaît depuis que t’es gamine, juge que ton état est suffisamment alarmant pour te faire prendre des antidépresseurs et des anxiolytiques. Et là, tu te prends le deuxième coup de grâce. Parce que t’en as entendu parler de ces machins-là, et que tu sais que ça crée une dépendance envers eux. Puis merde, t’es encore qu’une gamine, ou une « jeune femme », comme ils disaient à l’époque, t’as pas vécu assez de choses dures dans ta vie pour en arriver à prendre ces conneries qu’il te prescrit. Mais je devais reconnaître que cet état me fatiguait. J’en avais assez de me réveiller en pleine nuit et de me mettre à pleurer sans raison, de subir ses cauchemars et crises d’angoisse, et de ne plus me reconnaître, moi qui pourtant souriait tout le temps avant ça. Alors je les ai pris ces médicaments. Et je dois admettre que oui, ils m’ont en parti aidé à aller mieux. 

J’ai par la suite compris le fond du problème, mais ça je ne l’aborderai pas dans ce billet, parce que je considère que ça ne te regarde pas. Et ça a été un premier pas vers la guérison. J’ai réussi à en parler. A mes amies, puis à ma famille ensuite (j’entends mes parents et ma grande sœur). A vous, aujourd’hui, je vous remercie. Je vous remercie de m’avoir sortie de mon silence, de cette bulle de solitude que je m’étais construite petit à petit, et de m’avoir soutenue. Grâce à vous, j’ai pu enfin commencer à remonter la pente. Toujours aidé par ma béquille psychologique, mes antidépresseurs, mais j’avançais et avais arrêter les anxiolytiques. 

Puis je t’ai rencontré mon Amour. Toi aussi je te remercie, parce que tu m’as fait avancer encore d’un pas. Avec toi j’ai trouvé mon équilibre, et grâce à toi j’ai su que j’étais digne d’intérêt, digne de ton intérêt. C’est grâce à toi que j’ai repris confiance en moi, assez pour commencer à réduire mon traitement, parce qu’avec toi tout allait bien. 

Au début de cette année, j’ai amorcé le troisième pas de ma guérison, en réalisant que si je voulais me débarrasser totalement des séquelles et digérer cet épisode de ma vie, il me faudrait entreprendre une thérapie. Ce que j’ai fait, parce que cette fois j’étais prête. J’ai parlé, beaucoup. J’ai pleuré, j’ai évacué toute la négativité qu’il me restait et j’en suis ressortie soulagée quelques mois plus tard. 
Aujourd’hui, j’ai terminé cette thérapie, et s’il y a encore une personne que je me dois de remercier, c’est mon psychologue, car c’est avec lui que j’ai presque terminé de remonter la pente. Je dis presque parce que le peu de chemin qu’il me reste à parcourir, je dois le faire seule. Et j’y arrive. Je prends toujours mon traitement, c’est un travail de longue haleine que de l’arrêter, parce que la dépendance se crée vraiment, mais les doses sont maintenant minimes, et plus psychologiques qu’autre chose à mon avis. 
Je considère que ma guérison sera totale le jour où je l’arrêterai définitivement. Cela signifiera que j’aurais repris assez de force pour avancer et affronter les événements sans aide aucune. Et je le sens, ce jour est proche. Enfin !

J’ai écrit ce billet comme un dernier exutoire à ma guérison. Mettre noir sur blanc ces trois dernières années sans en avoir honte, parce que j’ai beaucoup avancé. Et puis quelque part c’est raconter mon histoire pour espérer peut-être aider ceux et celles qui passeront par là et qui se trouvent d’une façon ou d’une autre dans une situation difficile. Parce que même si c’est long, je peux aujourd’hui le garantir, on s’en sort.

4 commentaires:

  1. Je trouve vraiment courageux le faite d'avoir étaler tout ça. Heureusement que tu ailles mieux désormais, et que tu es presque vaincu cette dépression. J’espère que tout ça sera vite derrière toi ! Heureusement aussi que t'ai proche t'ai soutenu, que ton chéri ai été là, il doit vraiment être un amour et t'aimer très très fort ! Je te fais des bisous, et continue ainsi ♥

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    1. Merci de ton commentaire c'est adorable. Mais entre nous, ça fait quand même un moment que j'ai retrouvé mon sourire =) (j'pense que si ça avait l'inverse, j'en aurais pas parlé t'façon) Bisous ma belle !

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  2. Je viens de tomber sur ton blog en flânant de liens en liens et là je lis cet article dans lequel je me reconnais.
    J'ai aussi fait une dépression presque au même âge que toi, j'ai réussi à remonter la pente à l'époque mais hélas une accumulation d'éléments négatifs récents m'ont remis dans le même état qu'il y a trois ans... Ca fait du bien de lire qu'on peut s'en sortir durablement, ça prend du temps mais ça en vaut la peine !
    J'espère que tu pourras bientôt arrêter ton traitement et laisser les mauvais moments derrière toi !

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    1. Merci de ton commentaire. J'espère vraiment que tu finiras toi aussi par remonter totalement la pente, même s'il y a des jours où c'est moins facile. Même moi des fois, j'me dis que c'est pas encore gagné...
      bisous !

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