Parce que j’ai fait une dépression. Désolée, mais le ton du
billet est donné. C’était il y a bientôt trois ans maintenant. Après avoir
supporté pendant plusieurs mois des cauchemars plus glauques les uns que les
autres, des insomnies, des crises d’angoisse à répétition, une sensibilité à
fleur de peau déclenchant à coup sûr des larmes et une perte d’appétit, seul point
positif qui m’a permis de faire descendre l’aiguille de la balance, je me suis
résignée, ou plutôt été contrainte par mes parents, à aller voir mon médecin
généraliste pour lui parler de mon état. Le verdict est tombé sans appel au
bout d’un quart d’heure de consultation : Raphaëlle, tu fais une
dépression. Super. J’avais dix-neuf ans à l’époque.
Lorsque le docteur m’a
conseillé d’aller voir « quelqu’un d’autre, plus compétent pour ces cas-là »,
le coup de grâce m’a été porté. Moi qui était débordante d’énergie et pleine de
joie de vivre, je devais voir les choses en face, c’est vrai que ça faisait
plusieurs mois que je n’allais pas bien, mais en parler à « quelqu’un »,
un psy, c’était réaliser qu’il y avait un vrai problème. J’y suis allée. Mais ça
ne m’a pas aidé. Je crois, je suis même sûre, qu’à ce moment-là je cherchais
encore la raison de mon mal-être. Alors si déjà moi je ne sais pas pourquoi je
ne vais pas bien, qu’est-ce qu’il pourrait en savoir lui ? Je n’ai donc,
logiquement, pas donné suite à ce début de thérapie.
D’un autre côté, il y a eu
la prescription des médicaments. Parce que ton docteur, qui te connaît depuis
que t’es gamine, juge que ton état est suffisamment alarmant pour te faire
prendre des antidépresseurs et des anxiolytiques. Et là, tu te prends le
deuxième coup de grâce. Parce que t’en as entendu parler de ces machins-là, et
que tu sais que ça crée une dépendance envers eux. Puis merde, t’es encore qu’une
gamine, ou une « jeune femme », comme ils disaient à l’époque, t’as
pas vécu assez de choses dures dans ta vie pour en arriver à prendre ces
conneries qu’il te prescrit. Mais je devais reconnaître que cet état me
fatiguait. J’en avais assez de me réveiller en pleine nuit et de me mettre à
pleurer sans raison, de subir ses cauchemars et crises d’angoisse, et de ne
plus me reconnaître, moi qui pourtant souriait tout le temps avant ça. Alors je
les ai pris ces médicaments. Et je dois admettre que oui, ils m’ont en parti
aidé à aller mieux.
J’ai par la suite compris le fond du problème, mais ça je
ne l’aborderai pas dans ce billet, parce que je considère que ça ne te regarde
pas. Et ça a été un premier pas vers la guérison. J’ai réussi à en parler. A
mes amies, puis à ma famille ensuite (j’entends mes parents et ma grande sœur).
A vous, aujourd’hui, je vous remercie. Je vous remercie de m’avoir sortie de mon
silence, de cette bulle de solitude que je m’étais construite petit à petit, et
de m’avoir soutenue. Grâce à vous, j’ai pu enfin commencer à remonter la pente.
Toujours aidé par ma béquille psychologique, mes antidépresseurs, mais j’avançais
et avais arrêter les anxiolytiques.
Puis je t’ai rencontré mon Amour. Toi aussi
je te remercie, parce que tu m’as fait avancer encore d’un pas. Avec toi j’ai
trouvé mon équilibre, et grâce à toi j’ai su que j’étais digne d’intérêt, digne
de ton intérêt. C’est grâce à toi que j’ai repris confiance en moi, assez pour
commencer à réduire mon traitement, parce qu’avec toi tout allait bien.
Au début
de cette année, j’ai amorcé le troisième pas de ma guérison, en réalisant que
si je voulais me débarrasser totalement des séquelles et digérer cet épisode de
ma vie, il me faudrait entreprendre une thérapie. Ce que j’ai fait, parce que
cette fois j’étais prête. J’ai parlé, beaucoup. J’ai pleuré, j’ai évacué toute
la négativité qu’il me restait et j’en suis ressortie soulagée quelques mois
plus tard.
Aujourd’hui, j’ai terminé cette thérapie, et s’il y a encore une
personne que je me dois de remercier, c’est mon psychologue, car c’est avec lui
que j’ai presque terminé de remonter la pente. Je dis presque parce que le peu de
chemin qu’il me reste à parcourir, je dois le faire seule. Et j’y arrive. Je prends
toujours mon traitement, c’est un travail de longue haleine que de l’arrêter, parce
que la dépendance se crée vraiment, mais les doses sont maintenant minimes, et
plus psychologiques qu’autre chose à mon avis.
Je considère que ma guérison
sera totale le jour où je l’arrêterai définitivement. Cela signifiera que j’aurais
repris assez de force pour avancer et affronter les événements sans aide aucune.
Et je le sens, ce jour est proche. Enfin !
J’ai écrit ce billet comme un dernier exutoire à ma guérison.
Mettre noir sur blanc ces trois dernières années sans en avoir honte, parce que
j’ai beaucoup avancé. Et puis quelque part c’est raconter mon histoire pour espérer
peut-être aider ceux et celles qui passeront par là et qui se trouvent d’une
façon ou d’une autre dans une situation difficile. Parce que même si c’est
long, je peux aujourd’hui le garantir, on s’en sort.
Je trouve vraiment courageux le faite d'avoir étaler tout ça. Heureusement que tu ailles mieux désormais, et que tu es presque vaincu cette dépression. J’espère que tout ça sera vite derrière toi ! Heureusement aussi que t'ai proche t'ai soutenu, que ton chéri ai été là, il doit vraiment être un amour et t'aimer très très fort ! Je te fais des bisous, et continue ainsi ♥
RépondreSupprimerMerci de ton commentaire c'est adorable. Mais entre nous, ça fait quand même un moment que j'ai retrouvé mon sourire =) (j'pense que si ça avait l'inverse, j'en aurais pas parlé t'façon) Bisous ma belle !
SupprimerJe viens de tomber sur ton blog en flânant de liens en liens et là je lis cet article dans lequel je me reconnais.
RépondreSupprimerJ'ai aussi fait une dépression presque au même âge que toi, j'ai réussi à remonter la pente à l'époque mais hélas une accumulation d'éléments négatifs récents m'ont remis dans le même état qu'il y a trois ans... Ca fait du bien de lire qu'on peut s'en sortir durablement, ça prend du temps mais ça en vaut la peine !
J'espère que tu pourras bientôt arrêter ton traitement et laisser les mauvais moments derrière toi !
Merci de ton commentaire. J'espère vraiment que tu finiras toi aussi par remonter totalement la pente, même s'il y a des jours où c'est moins facile. Même moi des fois, j'me dis que c'est pas encore gagné...
Supprimerbisous !